Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/25

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tous trois la même nuit au bal de l’opéra afin de prouver l’alibi. Ce crime n’eut que trop lieu, deux demoiselles charmantes furent violées et massacrées dans les bras de leurs mères, on joignait à celui une infinité d’autres horreurs et personne n’ose les soupçonner. La douce épouse charmante que son père lui avait donnée avant de mourir, le jeune Blangis ne tarda pas de la réunir aux manes de sa mère, de sa sœur et de toutes ses autres victimes et cela pour épouser une fille assez riche, mais publiquement déshonorée et qu’il savait très bien être la maîtresse de son frère. C’était la mère d’Aline, l’une des actrices de notre roman et dont il a été question plus haut. Cette seconde épouse bientôt sacrifiée comme la première fit place à une troisième qui le fit bientôt comme la seconde, on disait dans le monde que c’était l’immensité de sa construction qui tuait ainsi toutes ses femmes et comme ce gigantesque était exact dans tous les points le duc laissait germer une opinion qui voilait la vérité. Ce colosse effrayant donnait en effet l’idée d’Hercule ou d’un centaure ; le duc avait cinq pieds aux épaules, des membres d’une force et d’une énergie, des articulations d’une vigueur, des nerfs d’une élasticité, joignez à cela une figure mâle et fière, de très grands yeux noirs, de beaux sourcils bruns, le nez aquilin, de belles dents, l’air de la santé et de la fraîcheur, des épaules larges, une chevelure épaisse quoique parfaitement coupée, les hanches belles, les fesses supportables, les plus belles jambes du monde, un tempérament de feu, une force de cheval et le membre d’un véritable mulet étonnamment vêtu et doué de la faculté de perdre son sperme aussi souvent