Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/271

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la lubricité satisfaite, on fut contenter l’appétit. Mais aux orgies on raffina, et l’on fit coucher tous les enfants, les heures délicieuses ne furent employées qu’avec les quatre fouteurs d’élite, les 4 servantes et les 4 historiennes, on s’y enivra complètement, et on fit des horreurs d’une saleté si complète que je ne pourrais les peindre, sans faire torts aux tableaux moins libertins qu’il me reste encore à offrir aux lecteurs. Curval et Durcet furent emportés sans connaissance. Mais le duc et l’évêque aussi de sens froid que s’ils n’eussent rien fait n’en furent pas moins se livrer tout le reste de la nuit à leurs voluptés ordinaires.


Quatorzième journée.


On s’aperçut ce jour-là que le temps venait favoriser encore les projets infâmes de nos libertins, et les soustraire mieux que leur précautions mêmes aux yeux de l’univers entier, il était tombé une quantité effroyable de neige, qui remplissant les vallons d’Alenton, semblaient interdire la retraite de nos quatre scélérats aux approches même des bêtes, car pour des humains, il ne pouvait plus exister un seul qui pût oser arriver jusqu’à eux ; on n’imagine pas comme la volupté est servie par ces sûretés-là, et ce qu’on entreprend, quand on peut se dire, „je suis seul ici, je suis au bout du monde soustrait à tous les yeux et sans qu’il puisse devenir possible à aucune créature d’arriver à moi“, plus de freins, plus de barrière de ce moment-là, les désirs s’élancent avec une impétuosité, qui ne connaît plus de bornes, et l’impunité qui les favorise en accroît bien délicieusement notre ivresse,