Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/285

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de suite après ma mort au nommé Pétignon, garçon cordonnier, rue du Bouloir. Ce malheureux est mon fils, il ne s’en doute pas, c’est un bâtard adultérin. Je veux donner à ce malheureux orphelin en mourant des marques de ma tendresse. À l’égard des 10 mille autres livres restantes, ma chère Duclos, je te prie de les garder comme une faible marque de mon attachement pour toi et pour te dédommages des soins, que va te donner l’emploi du reste, puisse cette faible somme t’aider à prendre un parti et quitter l’indigne métier que nous faisons, dans lequel il n’y a point de salut ni d’espoir de le jamais faire !“ — Intérieurement enchantée de tenir une si bonne somme et très décidée de peu164) m’embrouiller dans les partages, de n’en faire qu’un seul dot pour moi seule, je me jetai artificieusement en larmes dans les bras de la vieille matrone, lui renouvelant mes serments de fidélité, et ne m’occupais plus que des moyens d’empêcher qu’un cruel retour de santé n’allait lui faire changer de résolution. Ce moyen se présente dès le lendemain, le médecin ordonna l’émétique, et comme c’était moi, qui la soignait, ce fut à moi qu’il remit le paquet, me faisant observer qu’il y en avait deux prises, de prendre bien garde de les séparer, parce que je la faisais créver, si je lui donnais tout à la fois ; et de n’administrer la seconde dose que dans le cas où la première ne ferait pas assez d’effet, je promis bien à l’esculape, d’avoir tous les égards possibles, et dès qu’il eut le dos tourné, bannissant de mon cœur tous les subtiles sentiments de reconnaissance, qui auraient arrêté une âme faible, écartant tout repentir et toute faiblesse, et ne considérant que mon or, que la douce