Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/289

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et de l’autre, et je la sers aussi bien dans l’un que dans l’autre. Mais nous voici dans une discussion, qui nous mènerait trop loin, l’heure du souper va venir et Duclos est bien loin d’avoir fini sa tâche, poursuivez, charmante fille, poursuivez, et croyez que vous venez de nous avouer là une action et des systèmes, qui vous méritent à jamais notre estime, ainsi que celle de tous les philosophes.“ — „Ma première idée dès que ma bonne patronne fut enterrée fut de prendre moi-même sa maison, et de la maintenir sur le même pied qu’elle, je fis part de ce projet à mes compagnes qui toutes, et Eugénie surtout, — qui était toujours ma bien aimée, — me promirent de me regarder comme leur maman, je n’étais point trop jeune pour prétendre à ce titre, j’avais près de trente ans et toute la raison qu’il fallait pour diriger le conseil, — ainsi, messieurs, ce n’est plus sur le pied des filles du monde, que je vais finir le récit de mes aventures, c’est sur celui d’abbesse, assez jeune et assez jolie pour faire souvent ma pratique moi-même comme cela m’arriva souvent, et comme j’aurai soin de vous le faire démasquer chaque fois que cela sera. Toutes les pratiques de la Fournier me restèrent, et j’eus le secret d’en attirer encore de nouvelles, tant par la propreté de mes appartements que par l’excessive soumission de mes filles à tous les caprices des libertins, et par le choix heureux de mes sujets. Le premier [73]chaland qui m’arriva fut un vieux trésorier de France, ancien ami de la Fournier, je le donnai à la jeune Lucile, dont il parut fort enthousiasmé, sa manie d’habitude, aussi sale que désagréable pour les filles, consistait à chier sur le visage même de