Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/396

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très contente de m’en trouver quitte à si bon marché. — „Vous aviez lieu de vous féliciter,“ dit Marraine, „car ce n’était pas qu’un diminutif de sa passion ordinaire, je vous ferai voir le même homme, messieurs,“ continua cette maman, „sous un aspect plus dangereux.“ — „Pas aussi funeste, que celui, sous lequel je le présenterai à ces messieurs,“ dit Desgranges, „et je me joins à Md. Martaine, pour vous assurer, que vous fûtes bien heureuse, d’en être quitte pour cela, car le même homme avait d’autres passions bien plus singulières.“ „Attendons donc, pour en raisonner, que nous sachions toute son histoire,“ dit le duc, „et prends-toi Duclos, de nous en dire une autre, pour nous ôter de la cervelle une espèce d’individu, qui ne manquerait pas de l’échauffer.“ — [132]„Celui que je vis ensuite, messieurs,“ poursuivit Duclos, „voulait une femme qui eut une très belle gorge, et comme c’est une de mes beautés, après le lui avoir fait observer, il me préféra à toutes mes filles, mais quel usage et de ma gorge et de ma figure l’insigne libertin prétendait-il donc faire ! Il m’étend sur un sopha toute nue, se campe à cheval sur ma poitrine, place son vit entre mes tetons, m’ordonne de le serrer de mon mieux, et au bout d’une courte carrière, le vilain homme les inonde de foutre, en me lançant de suite plus de vingt crachats très épais au visage.“ — „Eh bien,“ dit en rognonnant Adélaïde au duc, qui venait de lui cracher au nez, „je ne vois pas, quelle nécessité il y a d’imiter cette infamie-là, finirez-vous ?“ continuait-elle en s’essuyant au duc, qui ne déchargeait point. „Quand bon me semblera, ma belle enfant,“ lui dit le duc, „souvenez-vous une fois dans la vie, que vous n’êtes là que pour obéir, et nous