Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/407

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nance tenir. — „Allons, déshabillez vous donc“, continua le courtisan — „que vous êtes gauche ! — Je n’ai pas de mes jours vu une putain et plus laide et plus bête ! — Eh bien, allons donc, finirons-nous aujourd’hui ? — „Ah voilà donc un corps que l’on m’avait tant vanté ! — quels tetons ! — on les prendrait pour les pis d’une vieille vache !“ — Et il les maniait brutalement, „et ce ventre, comme il est ridé. — Vous avez donc faits 20 enfants ?“ — „ Pas un seul, monsieur, je vous assure.“ — „ Oh oui, pas un seul, voilà comme elles parlent toutes, ces garces-là, à les entendre, elles sont toujours pucelles. — Allons, tournez-vous, l’infâme cul ! — Quelles fesses flacques et dégoûtantes, c’est à force de coups de pieds au cul sans doute qu’on vous a arrangé le derrière ainsi.“ — Et vous observez, s’il vous plaît, messieurs, que c’était le plus beau derrière qu’il fût possible de voir — cependant la jeune fille commençait à se troubler, je distinguais presque les palpitations de son petit cœur, et je voyais ses beaux yeux se couvrir d’un nuage — et plus elle paraissait se troubler, plus le maudit fripon la mortifiait, il me serait impossible, de vous dire toutes les sottises, qu’il lui adressa, on n’oserait pas en dire de plus piquantes à la plus vile et à la plus infâme des créatures ; enfin, le cœur bondit, et les larmes partirent, c’était pour cet instant que le libertin qui se polluait de toutes ses forces avait réservé le bouquet de ses infamies, il est impossible de vous rendre toutes les horreurs, qu’il lui adressa sur sa peau, sur sa taille, sur ses traits, sur l’odeur infecte, qu’il prétendait qu’elle exhalait, sur sa tenue, sur son esprit, en un mot, il chercha tout, il inventa tout, pour désespérer son orgueil, et déchargea