Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/22

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ci sautant sur ses armes, seulement aidé de Juliette et de Raunai, a bientôt écarté le peu de monde que lui oppose le comte. Tous trois s’évadent ; et Sancerre ayant, dans ce cas-ci, préféré la sagesse et la prudence à la valeur qui le distinguait ordinairement, Sancerre, qui sait que dans des troubles intérieurs, la victoire appartient plutôt à celui qui épargne le sang qu’à l’imprudent qui le prodigue, revient sans honte dans Amboise, rendre compte aux Guise de son peu de succès.

Sancerre, vieil officier, plein de mérite, ami des Guise, mais franc, loyal, ce qu’on appelle un véritable Français, n’avait pourtant pas été assez occupé de son expédition, qu’il n’eût eu le temps d’apercevoir les attraits de Juliette ; il en fit les plus grands éloges au duc.

Après avoir peint la noblesse de sa taille et les agréments de sa figure, il la loua sur son courage ; il l’avait vue au milieu du feu se défendre, attaquer, n’évitant les dangers qui la menacent que pour en répandre autour d’elle, et cette vaillance peu commune, rendait assurément du plus grand intérêt celle qui