Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/33

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que l’autre ; peut-être vous ferais-je bien des sacrifices…. mais vous seriez loin de vouloir m’imiter.

— Monsieur le duc oublie-t-il que je l’ai supplié de me faire parler à la reine, et que ce n’est que dans cette intention que mon père a permis que je vinsse à Amboise ?

— Juliette oublie-t-elle que son père est coupable, et que je n’ai qu’un ordre à donner pour qu’il soit aujourd’hui dans les fers ?

— Je me retirerai donc, si vous le permettez, monsieur ; car je ne suppose pas que vous abusiez du droit des gens, au point de me retenir ici malgré moi, quand je ne m’y suis rendue que sous votre sauf-conduit ?

— Non, Juliette, vous êtes libre ; il n’y a que moi qui ne le suis pas devant vous… vous êtes libre, Juliette ; mais je vous le redis pour la dernière fois….. je vous adore…. je puis tout pour vous…. il ne sera rien que je n’entreprenne…. ou mon amour, ou ma vengeance…. Choisissez…. Je vous laisse à vos réflexions.

Juliette rentra chez le comte de Sancerre ; le connaissant pour un brave militaire, incapable d’une lâcheté ou d’une trahison,