Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/106

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d’atrocités ne peut naître dans le cœur de l’homme, que, lorsqu’abandonné de tes lumières, il est comme Nabuchodonosor, réduit par ta main même au stupide esclavage des bêtes.

La seule Anne d’Est cette respectable épouse du duc de Guise, cette femme intéressante qu’il était prêt de sacrifier à ses passions, elle seule eut horreur de ces monstrueuses barbaries ; elle s’évanouit un jour dans les gradins de la sanglante arêne, on la rapporta chez elle baignée de larmes ; Catherine y vole, elle lui demande la cause de son accident. « Hélas ! madame, répondit la duchesse, jamais mère eut-elle plus de raison de s’affliger : Quel affreux tourbillon de haine, de sang et de vengeance s’élève sur la tête de mes malheureux enfans »[1].

Le comte de Sancerre dont la blessure n’était rien, et qui allait mieux de jour en jour, tint à mademoiselle de

  1. L’évènement où Henri de Guise, un des enfans d’Anne d’Est fut assassiné à Blois, ne rendait-il pas cette très-véritable complainte une sorte de prédiction ?