Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/110

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tions, un louche, dont vos ennemis ne profiteraient que trop vite. C’est à la postérité, monsieur, qu’un homme comme vous répond de ses démarches, et il ne doit pas en être une seule dans tout le cours de sa vie qui puisse le faire rougir un instant.

Comte, répondit monsieur de Guise, si vous aviez jamais éprouvé les sentimens que Juliette m’inspire, vous auriez un peu plus d’indulgence pour moi : jamais, mon ami, jamais aucune passion ne s’introduisit plus vivement dans un cœur ; ses yeux ont changé mon existence entière, il n’est pas une seule minute dans la journée où je ne sois rempli de son image ; et si quelquefois la reine ou son époux veulent trouver en moi le ministre, anéanti du trouble qui me presse, je ne leur montre plus que l’amant. Avec l’âme que vous me connaissez, Sancerre, cette passion peut-elle être soumise à des devoirs ? Et vous étonnerez-vous de tous les moyens que je prendrai pour m’assurer l’objet de mon idolâtrie ?…… Non, il n’en sera aucun