Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exigez le secret de l’entreprise, monsieur ; moi seul je puis vous le révéler : que le baron soit libre, à l’instant tout vous sera découvert ; n’imaginez pas que je veuille faire échapper une victime de vos mains, pour vous tromper après. Je vous demande la place et les fers du baron, et ma tête est à vous, si je manque au serment que je fais de vous dire tout. Avez-vous réfléchi, Raunai, dit le duc, à l’imprudence de votre procédé ? Avez-vous senti que dès l’instant que vous étiez dans Amboise, vous deveniez prisonnier du roi sans qu’il fut besoin de vous livrer vous-même, et que dès-lors les conditions que vous mettez à nous apprendre ce qu’on desire, devenaient d’autant plus inutiles, que les tourmens nous suffisent pour obtenir de vous ces aveux. Si ma démarche est inconséquente, monsieur, reprit Raunai avec plus de fierté que de prudence, votre discours l’est bien davantage ; il faut bien peu connaître la nation, il faut être, comme vous, étranger dans son sein, pour igno-