Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tration en désordre, la sûreté des chemins négligée, le peuple accablé d’impôts, le malheureux habitant de la campagne attelé lui-même à sa charrue faute d’animaux qui puissent ouvrir le sein de la terre aux chétives semences qu’il va lui confier, et qui ne germeront arrosées de ses larmes que pour devenir la proie d’insolens collecteurs ; le sang du peuple répandu dans toutes les villes, et le royaume enfin à la veille d’être la conquête de l’ennemi : voilà, messieurs, les tableaux que nous devons tracer…… les malheurs que nous voudrions peindre… les fléaux que nous voudrions éviter ! Ces intentions supposent-elles des projets de révolte. Nés Français, nous n’avons pas besoin que personne nous apprenne comment nous devons approcher de nos chefs. Un de nos premiers droits est de réclamer leur justice… de leur faire entendre nos plaintes, nous en usons… mais nous nous armons, dites-vous ? Cela est vrai, un voyageur le peut quand il doit traverser une forêt remplie de brigands : voilà l’excuse de nos armes, et nous la