Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/148

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l’âme, sauvez-nous de l’horreur de vous en convaincre, il n’y aurait ni fers ni supplices qui pussent vous préserver de notre fureur. — Toujours dur et toujours défiant, Raunai, dit le duc… Sortez, souvenez-vous de mes ordres ; souvenez-vous que votre mort est sûre, si vous échappez l’un ou l’autre d’Amboise avant que je ne vous parle. — Adieu.

Le premier soin de Raunai fut de rendre à Juliette tout ce qui venait de se passer ; il ne déguisa point ses craintes, l’impossibilité qu’il y avait de démêler dans les regards du duc quels pouvaient être ses projets. Ô Juliette, dit Raunai dans la plus extrême agitation, si ce barbare allait nous sacrifier l’un et l’autre ! Si nous avions nous-mêmes aiguisé le fer dont il va trancher le fil de nos jours, sans réussir à sauver Castelnau ? Ne crains rien, dit fermement Juliette ; obéissons et remettons-nous au ciel du soin de nous préserver… Il le fera, il n’abandonne jamais ni le malheur, ni la vertu ; Raunai… fut-il entouré de tous ses gardes,