Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/162

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le même ; une physionomie marquée, des traits un peu à la romaine, de très-beaux yeux, une taille haute et remplie, plus de majesté que de gentillesse, moins d’agrémens que de prétentions, un caractère exigeant et impérieux, un penchant excessif au plaisir, beaucoup d’esprit, un assez mauvais cœur, de l’élégance, de la coquetterie, et par devers elle, deux ou trois aventures, pas assez décidées pour ternir sa réputation, mais trop publiques néanmoins pour ne pas la faire accuser d’imprudence.

En n’écoutant que sa vanité ou son intérêt, Ceilcour n’eut point balancé. La possession d’aucune femme à Paris n’était flatteuse comme celle de madame de Nelmours. L’entraîner à un second hymen, était une espèce de victoire à laquelle personne n’osait prétendre ; mais le cœur n’écoute pas toujours cette foule de considérations, dont l’amour-propre se nourrit ; il les laisse observer à l’orgueil, et se décide sans le consulter.

C’était l’histoire de monsieur de Ceilcour. Quoiqu’il se sentît un goût assez