Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prouesse. Les juges du camp viennent visiter la lice. Rien n’égale la beauté de ces préparatifs, et principalement du coup-d’œil ; d’une part on voit des trophées, qu’on peut à peine fixer par l’éclat des rayons du soleil qu’ils réfléchissent de tous côtés. Ailleurs, des chevaliers qui s’arment, qui s’essayent : un peuple innombrable, et pendant que les yeux émerveillés, ne savent où se porter de préférence, l’air retentit au loin de la multitude d’instrumens dispersés dans chaque coin de la plaine, auquel se joint le bruit confus des applaudissemens et des acclamations.

Cependant les femmes garnissent les gradins, la baronne donne le signal, et des joutes à la foule[1] commencent le tournoi. Cent chevaliers verts et or sont les tenans, ils portent les couleurs de la baronne ; un égal nombre rouge et azur, sont les assaillans ; ceux-ci partent avec impétuosité, on dirait que

  1. Expression consacrée, c’est à dire que tous joutaient ensemble.