Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec ce projet d’en donner deux, vous eussiez du moins, commencé par moi. — Mais réfléchissez donc que c’est ici une histoire de calendrier ; si Sainte-Irène y précédé Sainte-Henriette, de trois semaines, est-ce ma faute, et qu’importe ce frivole arrangement, dès qu’Henriette règne seule au fond de mon cœur, et qu’elle ne peut-être précédée par qui que ce soit. — Je sais bien que vous me l’avez dit, mais comment voulez-vous que je le croie ? — Il faut ou se bien peu connaître, ou être bien dépourvue d’orgueil, pour hasarder tout ce que vous venez de dire aujourd’hui. — Oh ! doucement, l’inconséquence ne porte que sur vous ; il n’y a pas un grain de vanité de moins dans moi ; je ne me mets pas encore au-dessous de votre déesse, et j’ai cru pouvoir vous persiffler tous deux, sans faire croire à mon humilité. — Soyez donc juste une fois dans votre vie ; appréciez les choses ce qu’elles valent, et nous y gagnerons tous. — C’est que j’avais eu la folie de prétendre à vous fixer… j’y avais mis une sorte de triomphe, dont l’anéantissement