Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/250

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mans qui étaient hier dans ma chambre ? — Je l’ignore, madame, je n’ai pas plus coopéré à les faire placer dans votre appartement, que je ne me suis mêlé de les en faire sortir… tout cela doit être l’ouvrage du destin ; invinciblement enchaîné par ses décrets, je ne suis libre sur rien, et vous le maîtrisez bien plus par vos desirs, que je ne le soumets par ma puissance… moi je l’implore, et vos yeux l’asservissent. Tout cela est charmant, reprit la comtesse ; mais vous n’avez pas imaginé sans doute de me faire accepter des présens de cette magnificence ; il y a parmi tout cela un petit palais de diamans qui m’est venu dans la tête toute la nuit, et qui vaut, je le parierais, plus d’un million… vous sentez-bien qu’on ne donne pas de ces choses là. J’ignore absolument ce que vous voulez dire, madame dit Ceilcour ; mais il me semble que s’il arrivait qu’un amant offrit un million par exemple à celle qu’il adore, à supposer que ce qu’il attendit en retour de cette femme idolâtrée valût à ses yeux le double,