Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/263

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et moi nous ne nous quittons point, et son pouvoir conservateur nous met à l’abri des dangers. Un artifice charmant, je le vois, dit la comtesse, mais au moins ce sera tout, car je vous quitte décidément après ; j’aurais à me reprocher vos extravagances, si je les partageais plus long-temps.

À peine a-t-elle dit, que les cyclopes entrent dans la forge ; c’étaient des hommes hauts de douze pieds, n’ayant qu’un œil au milieu du front, et paraissant entièrement de feu. Ils commencent à forger des armes sur des enclumes immenses ; à tous les coups de marteaux qu’ils appuient, il jaillit de chaque enclume, des millions de bombes et de fusées qui se croisant en sens divers remplissent l’espace d’un feu continuel. Un coup de tonnerre éclate, le feu cesse, Mercure du haut des cieux descend chez les cyclopes ; il aborde Vulcain, qui lui remet des faisceaux d’armes, une entr’autres où le dieu des forgerons met le feu devant l’envoyé du ciel, et de laquelle dix mille bombes sortent à-la-