Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/266

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ches de l’Erèbe, plus elles s’élargissent ; tout disparaît, et c’est des cendres même de ces infortunés que sont produits leurs derniers efforts. On dirait que l’Enfer veut servir leur révolte ; de ces ouvertures multipliées du Tartare s’élancent vers les cieux un bouquet de quatre-vingt mille fusées volantes, chacune d’un pied de tour ; elles frappent les nues, elles font disparaître l’Élisée, et cette pièce énorme d’artifice, que n’égala jamais rien, et qui s’apperçoit de vingt lieues, laisse retomber en éclatant, une pluie d’étoiles si brillantes, que l’atmosphère, quoiqu’enveloppé des ombres de la nuit la plus épaisse, en paraît pendant un quart-d’heure aussi brillant que le plus beau des jours.

Ah ciel ! dit la comtesse effrayée, jamais rien d’aussi beau ne frappa mes regards ; si ce combat eût lieu, il fut assurément moins sublime que cette représentation ne vient de nous le peindre… Oh mon cher Ceilcour, poursuivit-elle en s’appuyant sur lui, je ne vous ferai jamais tous les éloges que vous mé-