Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/280

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put répondre que par ses larmes et par les témoignages du plus ardent amour. Il n’est plus temps, lui dit Dolsé, le coup est trop avant ; je vous avais peint ma sensibilité, vous lui deviez au moins quelques égards ; puisque votre ruine n’est qu’une feinte, je meurs avec une peine de moins… mais il faut nous quitter, Ceilcour, il faut nous séparer pour jamais… Je sors bien jeune d’une vie… où vous pouviez me faire trouver le bonheur… ah ! qu’elle m’eût été chère avec vous, continua-t-elle, en prenant les mains de son amant et les arrosant de ses pleurs ; quelle épouse sincère et tendre, quelle amie fidelle et sensible vous eussiez trouvé dans moi !… Je vous aurais rendu heureux, j’ose le croire… et comme j’eusse joui d’un bonheur qui serait devenu mon ouvrage !… Ceilcour fondait en larmes ; ce fut alors qu’il regretta bien sincèrement la fatale épreuve, qui n’avait servi qu’a lui faire connaître une malhonnête femme et qu’à lui en faire perdre une divine. Il conjure Dolsé quelque soit son cruel état