Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/46

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espérons que l’extrême vérité des caractères en dédommagera peut-être ; la nature plus bisarre que les moralistes ne nous la peignent, s’échappe à tout instant des digues que la politique de ceux-ci voudrait lui prescrire ; uniforme dans ses plans, irrégulière dans ses effets, son sein toujours agité, ressemble au foyer d’un volcan, d’où s’élancent tour-à-tour, ou des pierres précieuses servant au luxe des hommes, ou des globes de feu qui les anéantissent ; grande, quand elle peuple la terre et d’Antonin et de Titus ; affreuse ; quand elle y vomit des Andronics ou des Nérons ; mais toujours sublime, toujours majestueuse, toujours digne de nos études, de nos pinceaux et de notre respectueuse admiration, parce que ses desseins nous sont inconnus, qu’esclaves de ses caprices ou de ses besoins, ce n’est jamais sur ce qu’ils nous font éprouver que nous devons régler nos sentimens pour elle, mais sur sa grandeur, sur son éner-