Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/67

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Le chancelier Olivier reprocha aux deux frères une sécurité dans laquelle ils n’eussent pas été, si l’on avait écouté ses conseils. Catherine trembla, et dès l’instant on quitta Blois, dont la position ne paraissait pas assez sûre, pour se rendre au château d’Amboise, qui, jadis, une place du premier ordre, parut suffisant pour mettre la cour à l’abri d’un coup de main. Une fois là, l’on tint conseil ; l’on fit ce que Charles XII de Suède disait d’Auguste, roi de Pologne, qui, pouvant le prendre, l’avait manqué, et avait aussi-tôt assemblé son conseil. — Il délibère aujourd’hui, disait Charles, sur ce qu’il aurait dû faire hier. Il en fut de même à Amboise. Le cardinal, en zélé papiste, prétendait tout exterminer. C’était le seul argument de Rome. Le duc, plus politique, crut qu’on perdrait beaucoup de monde en suivant l’avis de son frère, et qu’on ne découvrirait rien. Il valait mieux, selon lui, faire arrêter le plus de chefs qu’on pourrait, et obtenir d’eux, par l’aspect des tourmens, l’aveu de tant de manœuvres sourdes et mys-