Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/92

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où je dois prétendre, qu’en foulant aux pieds celles qui m’enchaînent ! ces procédés sont-ils équitables, monsieur ? Ne rougissez-vous pas de les afficher, et voudriez-vous que je les publiasse ? — Vous comprenez mal ce que je vous offre, Juliette ; je ne suppose pas votre père coupable, il l’est ; tel est le point dont il faut partir. Castelnau est coupable, il mérite la mort, je lui sauve la vie si vous vous rendez à moi ; je ne controuve point des crimes au baron pour avoir droit à votre reconnaissance. Ces torts existent, ils lui méritent l’échafaud, je les anéantis si vous devenez sensible à ma flamme ; votre supposition me prêterait une manière de penser qui ne s’allierait pas à ma franchise : celle qui me dirige s’accorde avec l’honneur ; elle prouve, au plus, un peu de faiblesse ;… Mais j’ai vos attraits pour excuse ! — S’il est possible, monsieur, que mon père soit libre, tel coupable que vous le supposiez, n’est-il pas plus noble à vous de le sauver sans conditions, que de m’en imposer qu’il m’est impossible d’accep-