Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/99

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beaucoup de monde, il ordonne une décharge d’arquebuserie sur ceux qui gardent les murailles, laisse fuir sa troupe ; et lui seul, se débarrassant de ses armes, se jette dans un fossé, franchit les murs et tombe dans la ville. Connaissant les rues, les soupçonnant désertes à cause de la nuit, et d’une attaque qui doit avoir appellé tout le monde au rempart, il vole chez le comte de Sancerre, où il sait bien qu’est logée celle qu’il aime. Il ose, à tout évènement, se fier à la noblesse, à la candeur de ce brave militaire. Il arrive chez lui… Juste ciel !… on rapportait le comte blessé des coups de celui qui venait l’implorer…… Ô ! monsieur, s’écrie Raunai, en mouillant de ses pleurs la blessure du comte, vengez-vous, voilà votre ennemi, voilà celui qui vient de verser votre sang… ce sang précieux, que je voudrais racheter au prix du mien… Grand dieu ! c’est donc ainsi que ma main barbare a traité le bienfaiteur de celle qui m’est chère ! Je viens me rendre à vous, monsieur… je suis votre prisonnier. La malheureuse