examen doit s’entreprendre ; qu’on ne me taxe
point d’être un novateur dangereux, qu’on ne
dise pas qu’il y a du risque à émousser, comme
le feront peut-être ces écrits, le remords dans
l’ame des malfaiteurs, qu’il y a le plus grand mal
à augmenter par la douceur de ma morale le penchant
que ces mêmes malfaiteurs ont aux crimes ;
j’atteste ici formellement n’avoir aucune de ces
vues perverses ; j’expose les idées qui depuis l’âge
de raison se sont identifiées avec moi, et au jet
desquelles l’infâme despotisme des tyrans s’étoit
opposé tant de siècles : tant pis pour ceux que
ces grandes idees corromproient, tant pis pour
ceux qui ne savent saisir que le mal dans des opinions
philosophiques, susceptibles de se corrompre
à tout ; qui sait s’ils ne se gangreneroient
peut-être pas aux lectures de Séneque et de
Charron, ce n’est point à eux que je parle, je
ne m’adresse qu’à des génies capables de m’entendre,
et ceux-là me liront sans danger.
J’avoue avec la plus extrême franchise, que je n’ai jamais cru que la calomnie fût un mal, et sur-tout dans un gouvernement comme le nôtre, où tous les hommes plus liés, plus rapprochés, ont évidemment un plus grand intérêt à se bien connoître ; de deux choses l’une, ou la calom-