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très-moraux, parce que l’état moral d’un homme est un état de paix et de tranquillité au lieu que son état immoral est un état de mouvement perpétuel qui le rapproche de l’insurrection nécessaire dans laquelle il faut que le républicain tienne toujours le gouvernement dont il est membre.

Détaillons maintenant, et commençons par analyser la pudeur, ce mouvement pusillanime contradictoire aux affections impures. S’il étoit dans les intentions de la nature que l’homme fût pudique, assurément elle ne l’auroit pas fait naître nud ; une infinité de peuples, moins dégradés que nous par la civilisation, vont nuds, et n’en éprouvent aucune honte ; il ne faut pas douter que l’usage de se vêtir n’ait eu pour unique base et l’inclémence de l’air et la coquetterie des femmes ; elles sentirent qu’elles perdroient bientôt tous les effets du desir, si elles les prévenoient au lieu de les laisser naître, elles conçurent que la nature d’ailleurs ne les ayant pas créées sans défauts, elles s’assuroient bien mieux tous les moyens de plaire, en déguisant ces défauts par des parures ; ainsi la pudeur, loin d’être une vertu, ne fut donc plus qu’un des premiers effets de la corruption, qu’un des pre-