Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/137

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diocre, puisqu’il n’a fait que placer un peu plus-tôt l’objet dont il a abusé, au même état où l’auroit bientôt mis l’hymen ou l’amour.

Mais la sodomie, mais ce prétendu crime qui attira le feu du ciel sur les villes qui y étoient adonnées, n’est-elle point un égarement monstrueux, dont le châtiment ne sauroit être assez fort ? Il est sans doute bien douloureux pour nous d’avoir à reprocher à nos ancêtres les meurtres judiciaires qu’ils ont osé se permettre à ce sujet ; est-il possible d’être assez barbare pour oser condamner à mort un malheureux individu dont tout le crime est de ne pas avoir les mêmes goûts que vous ? On frémit lorsqu’on pense qu’il n’y a pas encore quarante ans que l’absurdité des législateurs en étoit encore là. Consolez-vous, citoyens, de telles absurdités n’arriveront plus, la sagesse de vos législateurs vous en répond. Entiérement éclairci sur cette foiblesse de quelques hommes, on sent bien aujourd’hui qu’une telle erreur ne peut être criminelle, et que la nature ne sauroit avoir mis au fluide qui coule dans nos reins une assez grande importance, pour se courroucer sur le chemin qu’il nous plaît de faire prendre à cette liqueur. Quel est le seul qui puisse exister ici ? Assurément ce