leurs très-difficile qu’un homme laid ou vieux
les produise, y parvient-il ? ils sont faibles,
et les chocs beaucoup moins nerveux, il faut
donc préférer la douleur, dont les effets ne
peuvent tromper, et dont les vibrations sont
plus actives ; mais objecte-t on aux hommes
entichés de cette manie, cette douleur afflige
le prochain, est-il charitable de faire du
mal aux autres pour se délecter soi-même ? les
coquins vous répondent à cela, qu’accoutumés
dans l’acte du plaisir à se compter pour tout,
et les autres pour rien, ils sont persuadés qu’il
est tout simple, d’après les impulsions de la
nature, de préférer ce qu’ils sentent, à ce qu’ils
ne sentent point ; que nous font, osent-ils dire,
les douleurs occasionnées sur le prochain,
les ressentons-nous ? non, au contraire, nous
venons de démontrer que de leur production
résulte une sensation délicieuse pour nous ;
à quel titre ménagerions-nous donc un individu
qui ne nous touche en rien, à quel titre
lui éviterions-nous une douleur qui ne
nous coûtera jamais une larme, quand il est
certain que de cette douleur va naître un très-
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