Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/87

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C’est une extravagance de nos parens, que ces prédictions de malheurs dans la voie du libertinage ; il y a des épines par-tout, mais les roses se trouvent au-dessus d’elles dans la carrière du vice ; il n’y a que dans les sentiers bourbeux de la vertu où la nature n’en fait jamais naître. Le seul écueil à redouter dans la première de ces routes, c’est l’opinion des hommes ; mais quelle est la fille d’esprit qui, avec un peu de réflexion, ne se rendra pas supérieure à cette méprisable opinion ? Les plaisirs reçus par l’estime, Eugénie, ne sont que des plaisirs moraux, uniquement convenables à certaines têtes ; ceux de la fouterie, plaisent à tous, et ces attraits séducteurs dédommagent bientôt de ce mépris illusoire auquel il est difficile d’échapper en bravant l’opinion publique, mais dont plusieurs femmes sensées se sont moquées au point de s’en composer un plaisir de plus. Fouts, Eugénie, fouts donc, mon cher ange, ton corps est à toi, à toi seule, il n’y a que toi seule au monde qui ait le droit d’en jouir et d’en faire jouir qui bon

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