Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/283

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Que ne te tiens-je ores seulette
Près de quelque flot argentin,
Or’ que l’archerot enfantin,
De ses vo-volantes flammeches[1].
R’innove[2] en mon sang mille breches,
Et qu’en despit du froid, du temps,
En songeant à toy je m’estends !
Je sçaurois si hermaphrodite
Avec verité tu es ditte,
Obtenant de ta grace ainsy
Ce don d’amoureuse mercy,
Guerdon bien deu aux maux prolixes,
Que tes yeux, mes planettes fixes,
Depuis vingt ans fait souffrir m’ont,
Assez pour escacher un mont.
Helas ! il me souvient encore,
Ô douce lampe que j’adore !
D’une chanson dont vis à-vis
De ton guichet, à mon advis,
Je te gringotay mon martyre ;
La voicy, je la veux redire,
Tant afin de ne l’oublier
Que pour aux champs la publier :

Belle, qui dans un grabat
Sans rabat,
Toute seule et toute nue,
Estens à present ton corps,
Si ne dors,
Las ! oy ma desconvenue.

Oy le triste ver-coquin
D’un mesquin

  1. Archaïsme imité de Ronsard et de Du Bartas.
  2. Renouvelle ; de l’it. rinnovare.