Le grand patron[1] des moines preux[2]
De qui l’ordre fleurit sur l’onde
Nous escorte en ce bout du monde
Avec des plus braves d’entr’eux.
Ces redoutez galands d’auberge
Font d’un esquif une ramherge[3],
Pour deffendre et pour assaillir ;
Tout leur fait joug, et leur flamberge
Ne sçait que c’est que de faillir.
Ce Marrane[4] au teint de pruneau,
Ce fanfaron de Ferrandine,
Qui pare son affreuse mine
D’un grand et vilain chinfreneau[5],
Aura beau tordre ses bigottes[6],
Beau renasquer à hautes nottes
Et faire le diable insensé,
Je veux bien y laisser les hottes
Si le hidalgue[7] n’est rossé.
Qu’il y vienne un peu, le mauvais,
Avec ses cinquante galeres !
Nous en craignons moins les coleres
Que d’un ventre soul de navets.
En cet endroit ma fantaisie,
D’une brusque verve saisie,
- ↑ Le grand patron, etc. : c’estoit le S.-Jean, vaisseau. (S.-A.)
- ↑ Moines preux, chevaliers de Malte. (S.-A.)
- ↑ Petit vaisseau propre à faire des découvertes. (Furetière.)
- ↑ Ce Marrane, etc., le duc de Ferrandine, general des galères d’Espagne. (S.-A.)
- ↑ Blessure à la tête, cicatrice.
- ↑ Bigottes, moustaches. (S.-A.)
- ↑ Hidalgue, cavalier. (S.-A.)