Qui vivez comme font les anges,
Et meritez qu’en chaque lieu
On vous fasse part aux louanges
Que vous-mesme rendez à Dieu ;
Vous, dis-je, qui, daignant cherir
Les nobles travaux de la muse,
Avez voulu vous enquerir
À quoy maintenant je m’amuse ;
Je vous le veux dire en ces vers,
Où d’un art pompeux et divers
Je feray briller mes pensées ;
Et croy que les plus grands censeurs
Les verront si bien agencées,
Qu’ils en gousteront les douceurs.
Loin, dans une isle qu’à bon droit
On honora du nom de Belle[1],
Où s’eslève un fort qui tiendroit
Contre l’Anglois et le rebelle,
Je contente à plein mon desir
De voir mon Duc[2] à mon plaisir,
Sans nul object qui m’importune,
Et tasche à le garder d’ennuy,
Sans songer à d’autre fortune
Qu’à l’honneur d’estre auprès de luy.
Là, par fois consultant les eaux
Du sommet d’une roche nue,
Où pour voir voler les oyseaux
Il faut que je baisse la veue,
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