Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/89

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Ainsi, dis-je en le regardant,
Verra-t-on, quoy que l’oubly face,
Au point du dernier jour ardant
Ressusciter l’humaine race ;
Ainsi, mais plus clair et plus beau,
Verra-t-on, comme ce flambeau,
Monter au ciel le corps du juste,
Après qu’avecques majesté,
Dieu, seant en son trosne auguste,
L’aura par sa bouche arresté.

Lors, d’un soucy grave et profont
Me ramassant tout en moy-mesme,
Comme on tient que nos esprits font
Pour faire quelque effort extresme,
L’immortelle et sçavante main
De ce fameux peintre romain[1]
N’a rien tracé d’émerveillable
Que ce penser de l’advenir,
Plein d’une terreur agreable,
Ne ramene en mon souvenir.

Là, resvant à ce jour precis
En qui toute ame saine espère ;
Jour grand, où l’on verra le fils
Naistre aussi tost comme le père.
Je m’imagine au mesme instant
Entendre le son eclattant
De la trompette serafique,
Et pense voir en appareil
Espouvantable et magnifique
jésus au milieu du soleil :

À ce bruit, que je doy nommer
La voix de la seconde vie,

  1. Michel-Ange. Allusion an tableau du Jugement dernier.