Page:Saint-Amant - Œuvres complètes, Livet, 1855, volume 1.djvu/90

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Qui semble desjà ranimer
Celle que la Parque a ravie ;
À ce ton qui de bout en bout
Icy bas resveillera tout,
Et pour le deuil, et pour la joye,
Il n’est posture, quant au corps,
En quoy mon œil esmeu ne croye
Voir sortir du tombeau les morts.

L’un m’apparoist un bras devant ;
L’antre ne montre que la teste,
Et, n’estant qu’à moitié vivant,
Force l’obstacle qui l’arreste.
Cestuy-cy s’esveille en sursaut ;
Cestuy-là joint les mains en haut,
Implorant la faveur divine ;
Et l’autre est à peine levé
Que d’un cœur dévot il s Incline
Devers l’agneau qui l’a sauvé.

Près de là, le frère et la sœur,
Touchez de ce bruit dont tout tremble,
D’estre accusez d’inceste ont peur,
Pour se trouver couchez ensemble.
Icy, la femme et le mary,
Objet l’un de l’autre chery,
Voyans la clarté souhaittée,
Semblent s’estonner et gemir
D’avoir passé cette nuictée
Sans avoir rien fait que dormir.

Tel, qui n’eust sceu quasi marcher
Autrefois, travaillé des goutes,
Court maintenant et va chercher
Du ciel les glorieuses routes.
Tel, de qui le seul ornement
Fut d’estre vestu richement