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LETTIIES ET PREFACES 289

la difficulté qu’il y a de plaire à tout le monde, et de quelle façon les plus grands et les plus beaux ou- vrages sont traités aujourd’hui. Ce n’est pas que je ne sache que ceux qui exposent les leurs au public exposent leur réputation à l’aventure, et que la for- tune se mêle de présider quelquefois avec autant d’empire sur ces choses-là comme sur toutes les autres. Ce n’est pas même que je n’avoue que cha- cun a droit de dire son avis de tout ce qu’il voit et d’en parler selon son goût ; mais,la plupart du temps, il est si étrange et si dépravé, et ses jugements sont si dépourvus de jugement qu’on a raison d’en ap- peler à un avenir où, à tout le moins, et comme il est croyable, la préoccupation aveugle et la jalousie personnelle ne régneront plus. Il est vrai que ce n’est pas une chose de si grande importance qu’il s’en faille désespérer, et que la gloire d’un honnête homme, laquelle consiste en des choses bien plus solides que celles-là, ne doit pas même s’en forma- liser ni s’en plaindre. Aussi, laissant faire aux envieux et aux médisants tout ce qu’ils voudront,sans que j’en aie aucun ressentiment, pourvu que mon propre et véritable honneur n’y soit point intéressé, je poursuivrai à rendre compte de mon petit fait, et dirai en bon franc bourgmestre du pays des Idyl- les, comme m’a si galamment vespérisé, pour ne pas dire baptisé avec de l’encre, le très cher M. de Fu- retière, en son excellente jîVo h ye//e allégorique, que