Page:Saint-Bernard - Oeuvres complètes, trad Charpentier, Tome 2, 1866.djvu/618

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appelé le trône de David, parce que celui sur lequel David s’est assis en était la figure.

En quel sens doit-on comprendre qu’il a régné sur la maison de Jacob. 2. « Et il régnera éternellement sur la maison de comprendre Jacob et son règne n’aura point de fin (Luc. i, 32 et 33). » Ici encore si nous prenons à la lettre ce qui concerne la maison de Jacob, comment pourra-t-il régner éternellement sur elle, puisqu’elle ne doit point subsister éternellement ? Il faut donc rechercher une autre maison de Jacob qui soit éternelle pour que Celui dont le règne n’aura point de fin puisse régner éternellement sur elle. Après tout est-ce que cette indigne maison de Jacob n’a point eu l’impiété de le renier et la folie de le repousser en présence de Pilate, quand ce gouverneur lui disait : « Crucifierai-je votre roi (Joan., xix, 15) ? » elle s’écria tout d’une voix : « Nous n’avons point d’autre roi que César ? » Adressez-vous à l’Apôtre, et il vous fera discerner celui qui est juif en secret, de celui qui l’est en public, la circoncision qui est dans l’esprit, de celle qui n’existe que dans la chair, ceux qui sont fils d’Abraham selon la foi, de ceux qui ne le sont que selon le sang (Rom., 11, 28). « Car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont point des Israélites pour cela ; non plus que tous ceux qui sont de la race d’Abraham, ne sont ses vrais enfants (Rom., ix, 6). » Poursuivez et dites de même : tous ceux qui sont du sang de Jacob ne sont pas pour cela de sa maison. Par Jacob, il faut entendre la même chose que par Israël ; il n’y a donc que ceux qui seront trouvés parfaits dans la foi de Jacob qui seront censés de sa maison, ou plutôt il n’y a qu’eux qui soient véritablement la maison Qu’est-ce que Jacob au sens mystique. spirituelle et éternelle de Jacob sur laquelle le Seigneur Jésus doit régner éternellement. Or quel est celui d’entre nous qui, selon le sens du mot Jacob, supplante le diable dans son cœur, lutte contre ses vices et ses passions afin que le péché ne règne point dans son corps mortel, et que Jésus au contraire y règne maintenant par sa grâce, et dans l’éternité, par sa gloire ? Heureux ceux en qui Jésus régnera éternellement, parce qu’ils régneront en même temps avec lui ; or son règne n’aura point de fin. Ô quel royaume glorieux que celui où les rois se sont assemblés et réunis pour louer et glorifier Celui qui est le Roi des rois mêmes et le Seigneur des seigneurs ; et que les justes ne pourront contempler dans tout l’éclat de sa splendeur sans briller eux-mêmes comme le soleil dans le royaume de leur Père (Matth., xiii, 43). Oh ! si Jésus veut bien se souvenir de moi, pauvre pécheur, quand il sera arrivé dans son royaume ! Oh ! si le jour où il doit remettre son empire à son Dieu et son père, il me fait la grâce de me visiter par son assistance salutaire, afin que je me voie comblé des biens qu’il réserve à ses élus, que je goûte la joie qu’il destine à son peuple et qu’il soit loué de moi avec ceux qu’il a choisis pour son héritage (Psalm. cv, 4 et 5) ! Mais Notre âme est le royaume du Christ ; quelle tyrannie lui est contraire. Seigneur Jésus, venez en attendant ce jour, arrachez les scandales de votre royaume, qui est mon âme, afin que vous régniez en elle comme vous le devez. En effet, l’avarice vient à moi et réclame un trône dans mon cœur ; la jactance veut y dominer aussi ; l’orgueil aspire à être mon roi, et la luxure me dit : C’est moi qui régnerai en toi ; l’ambition, la médisance, l’envie, la colère se disputent en moi l’empire de mon âme, c’est à qui se rendra maître de moi. Pour moi je résiste tant que je puis, je les repousse de toutes mes forces. J’en appelle à Jésus, mon seigneur, c’est entre ses mains que je remets ma défense, car je reconnais que je lui appartiens.