Page:Saint-Gelais - Oeuvres de luy tant en composition que translation ou allusion aux auteurs grecs et latins, 1547.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
DE LA BELETTE.


Puis qu’elle encor m’eſt ſi cruelle, & dure.
Il n’eſt pas vray qu’en dict ny en pensée
D’amie on doibt plus avoir de fiance
Car la mienne eſt en foy trop offenſée.
Il n’eſt pas vray qu’il ſoit en la puiſſance
De mon malheur & fortune ennemie
De m’eslongner de ſon obeiſſance.
Il n’eſt pas vray que jamais autre amie
Puiſſe en mon cœur entrer, & trovuer place
Loyaulté n’eſt en moy ſi endormie.
Mais il eſt vray que qui ha veu ſa face
Ne peut avoir que de mourir attente.
Bienheureux eſt qui du mal ſe contente,
Mais plus heureux qui ha ſa bonne grâce.
Faict par celuy qui vouldroit ton corps d’eage
Plus qu’en Neſtor regner, ou enuiron :
En ta ſanté avoir bon aviron,
Tant qu’Atropos tard tranche le cordage.

Elegie de Claudian, traduicte en françois par ledict Auteur.




O Bienheureux qui ha paſsé ſon eage
Dedans le clos de ſon propre propre heritage,
Et n’ha de veue esloigné ſa maiſon
En jeunes ans, ny en vieille ſaiſon :
Qui d’un baſton porté, & ſecouru
Va par les champs, ou jeune il ha couru :
Les ſiecles longs pas à pas racomptant

Du