Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que présomptueux ; si son aristocratie était celle de la Pologne, dont la violence est le principe ; si sa monarchie tenait de la plupart de celles de l’Europe, où la volonté du maître est l’unique loi, le choc de ces pouvoirs les aurait bientôt détruits ; c’est ce qu’ont pensé ceux qui prétendent qu’ils se déchireront un jour. Mais je prie qu’on examine combien est saine la complexion de la France ; la présomption n’est point l’âme de la démocratie, mais la liberté modérée ; la violence n’est point le ressort de son aristocratie, mais l’égalité des droits ; la volonté n’est point le mobile de sa monarchie, mais la justice.

De la nature de la liberté

La nature de la liberté est qu’elle résiste à la conquête et à l’oppression ; conséquemment elle doit être passive. La France l’a bien senti ; la liberté qui conquiert doit se corrompre ; j’ai tout dit.

De la nature de l’égalité

Celle qu’institua Lycurgue, qui partagea les terres, maria les filles sans dot, ordonna que tout le monde prendrait ses repas en public et se couvrirait du même vête­ment, une telle égalité relative à l’utile pauvreté de la république n’eût amené en France que la révolte ou la paresse ; l’égalité des droits politiques seule était sage dans cet État où le commerce est une partie du droit des gens, comme je le dirai ailleurs. L’égalité naturelle est bonne là où le peuple est despote et ne paye pas de tri­buts. Qu’on suive les conséquences d’une pareille condition par rapport à une constitution mixte.

De la nature de la justice

La justice est rendue en France au nom du monarque, protecteur des lois, non par la volonté mais par la bouche du magistrat, ou de l’ambassadeur, et celui qui a prévariqué n’a point offensé le monarque, mais la patrie.