Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/326

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CHAPITRE X.

DE L’INFIDÉLITÉ DES ÉPOUX

On a dit que la dépendance naturelle de la femme rendait son infidélité plus coupable que celle du mari ; ce n’est point ici tout à fait que je veux examiner si cette dépendance est naturelle ou politique, je prie seulement qu’on y réfléchisse, mais je veux une bonne fois qu’on m’explique pourquoi le mari qui met des enfants adultérins dans la maison d’un autre, ou de plu­sieurs autres, est moins criminel que la femme qui n’en peut mettre qu’un dans la sienne. Il y a un contrat entre les époux (je ne parle pas du contrat civil). Le contrat est nul si quelqu’un y perd ; dire que l’époux infidèle n’est point coupable, c’est dire qu’il s’est réservé, par le contrat, le privilège d’être mauvais ; il est donc nul dans son principe naturel ; il ne l’est pas moins dans son principe politique, puisque sa liberté, à cet égard, a dû enfreindre le contrat d’un tiers, ce qui choque le pacte social. Ceux qui portent des lois contre les femmes et non contre les époux auraient dû établir aussi que l’assassin ne serait point le criminel, mais la victime ; mais tout ceci tient aux mœurs. Ô vous ! qui faites des lois, vous en répondez ; les bonnes mœurs peuplent les empires.

CHAPITRE XI.

DES BÂTARDS

Toute patrie vertueuse se rendra la mère des infortunés à qui la honte aura refusé le lait et les caresses de la nature ; il reste à l’orphelin des mains qui l’élèvent et qu’il baise ; on lui parle quelquefois de sa mère, dont l’art a pu conserver les traits. Le bâtard, plus malheureux mille fois, se cherche dans le monde ; il demande à tout ce qu’il voit le secret de sa vie ; et comme sa jeunesse est ordinairement trempée d’amertume, le malheur le rend industrieux dans un âge plus avancé.

Est-il rien de plus intéressant que ce triste inconnu ? S’il