Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/334

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comme dans l’esclavage, la religion est au-dessus des prêtres, parce qu’ils prétendent représenter la souveraineté du monde ; dans la république elle règne au-dessus d’eux, puisque la fin n’est que par le principe et que la souveraineté divine est alors, non point représentée, mais figurée par la souveraineté de la nation qui est un tout.

En vain attaque-t-on les pontifes hébreux, les vicaires de Jésus-Christ et leurs pouvoirs, rien ne justifie les tyrans, et la souveraineté des nations est aussi imprescriptible que celle de l’Être suprême, quoiqu’on l’ait usurpée.

J’avais parlé du culte, du sacerdoce, j’ai dû parler de la religion ; quand je dirai quelque part dans ce livre que le trône et l’autel sont inébranlables alors qu’ils sont unis, je ne parlerai que de l’État théocratique et non de la République. C’est là que je dirai si une agrégation religieuse a pu prendre la place de souverain et prétendre à la propriété du domaine.

Je laisse au lecteur le soin de faire l’application de ces principes à la religion catholique, apostolique et romaine des Français.

CHAPITRE XIX.

DE LA RELIGION DU SACERDOCE

Les anciens n’avaient point de lois religieuses, le culte était superstitieux ou politique. La Grèce n’a vu qu’un trait de fanatisme, encore était-ce une fourberie de Philippe, quand il mena ceux de Thèbes et de Thessalie contre les Phocidiens pour venger le prétendu mépris d’Apollon.

Les premiers Romains, les premiers Grecs, les premiers Égyptiens furent chrétiens. Ils avaient des mœurs et de la charité : voilà le christianisme. Ce qu’on appela les chrétiens depuis Constantin ne furent la plupart que des sauvages ou des fous.

Le fanatisme est né de la domination des prêtres européens. Un peuple qui a dompté sa superstition a beaucoup