Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/339

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tôt mon cœur sera content. ” Puisque le cœur des Français n’entendait point ce langage, c’en était fait, on voulait inspirer de la pitié, on n’inspira que de l’amour.

Pendant cette périlleuse cérémonie, l’Assemblée nationale n’affecta ni n’affaiblit son assurance ; elle parla sur le commerce et les colonies ; sa conduite fut grave et assurée ; elle ne demanda à la France que le serment civique, et la tint quitte des cris de joie qui s’envolent.

Cette fédération si ingénieusement imaginée pour travestir l’esprit public fut le sceau qui l’éternisa. L’armée partit mécontente de ceux qui l’avaient adulée, et pleine d’estime pour l’Assemblée nationale qu’elle avait vue.

Si le triste honneur de la monarchie peut périr en France, on devra beaucoup l’égalité aux assemblées fédératives ; elles balanceront un peu la force de l’État politique, s’il perdait de sa popularité ; mais plût à Dieu qu’on prévienne des discordes civiles et qu’on puisse longtemps conserver l’amour de la paix parmi le génie des armes.

Réflexion sur l’état civil

Toute prétention des droits de la nature qui offense la liberté est un mal ; tout usage de la liberté qui offense la nature est un vertige.


QUATRIÈME PARTIE

De l’état politique


CHAPITRE PREMIER.

DE L’INDÉPENDANCE ET DE LA LIBERTÉ

Je veux savoir ce que c’est que l’indépendance de l’homme dans l’état de nature, ce que c’est que sa liberté dans la cité. Dans la loi de la nature l’homme n’est dépendant que quand il a commencé à se civiliser sans principes, et dans la cité l’homme n’est esclave que quand il préfère à sa conservation les délices et le bonheur.