Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, I, 1908.djvu/425

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moyens spécieux de pressurer le peuple de ses propres mains, Tesprit difficile des pays d’État, la domination de la cour, que la sombre humeur du roi voulait humilier, joignez-y l’ambition d’un ministre superbe et plébéien, voilà les motifs qui occasionnèrent le rassemblement des États.

Dans les premiers jours de sa puissance, l’Assemblée nationale n’éclipsa que les rangs intermédiaires : la royauté, isolée, accabla les ordres par le peuple. Le roi n’avait pas lalculé que la chute des ordres entraînerait celle de la ivrannie Après que l’Assemblée nationale eut porté ces [iremiers coups, le roi ramassa toute son autorité pour lopprimer eUe-même. Imaginez la tyrannie d’un seui dans un grand État où les ordres sont abolis, et dans lequel la puissance législative est dominée par le prince ! Les crimes de la tyrannie sont quebpiefoissi finement tissus, qu’on n’eu pénètre que longtemps après la marche impénétrable.

Le roi s’efforça de paralyser une puissance qu’il n’avait conçue que pour qu’elle devint une dépendance de la sienne. On sait avec quelle énergie il dictait aux représentants des communes ses premières volontés. Suivait-il, même en cela, les lois fondamentales de la monarchie ? Parcourez ces lois, et vous trouverez qu’aucun prince, avant lui, n’avait porté dans les Etats des calculs si profonds, si tyranniques, si dissimulés. On se souvient avec quel artifice il repoussa les lois qui supprimaient le régime ecclésiastique et féodal. Mais, quand le courage du peuple eut entraîné, Louis s’arma de modération le bien Mais, quand le courage du peuple eut tout entraîné, Louis s’arma de modération : tout le bien que l’on pouvait faire, sans compromettre la puissance, pour captiver le peuple, on le fit ; on ne fut point avare de ces douces paroles qui chatouillent les plaies du peuple, et le portent à la faiblesse et à l’enthousiasme pour ceux qui l’ont dominé ; on fit tout le mal que l’on pouvait faire sans que le peuple s’en aperçût ; et on le fit avec une apparence de respect pour les lois nouvelles qu’on voulait faire détester.

Alors on voyait le roi, noir et farouche, au milieu de ses courtisans, dont il appréciait la faiblesse et la nullité pour