Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/321

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dominantes : de-là est venue sa ruine ; car, disséminant toujours et ne brusquant pas, il était emporté par l’énergie des hommes de bonne foi et par la force de la vertu du peuple, et suivait toujours le cours de la Révolution, se voilant sans cesse et n’osant jamais rien.

C’est ce qui fit croire au commencement que d’Orléans n’avait aucune ambition ; car, dans les circonstances les mieux préparées, il manqua de courage et de résolution.

Ces convulsions secrètes des partis qui dissimulaient, ont été les causes des malheurs publics La révolution populaire était la surface d’un volcan de conjurations étrangères. L’Assemblée constituante, sénat le jour, était la nuit un ramassis de factions qui préparaient la politique et les artifices du lendemain. Les affaires avaient toujours une double intention : l’une, ostensible et coloriée avec grâce ; l’autre, secrète et qui menait à des résultats cachés et contraires à l’intérêt du peuple.

On fit la guerre à la noblesse, amie coupable des Bourbons, pour aplanir le chemin du trône à d’Orléans. On voit à chaque pas les efforts de ce parti pour ruiner la cour, son ennemie, et conserver la royauté ; mais la perte de l’une entraînait l’autre, aucune royauté ne peut se passer de patriciat.

On avait compté sur l’ascendant de Mirabeau pour conserver le trône sans patriciat. Lui mort, on essaya dans la révision de constituer ce problème : on ne le put pas. La législation étant impuissante pour favoriser ce parti, on se jette dans la politique et dans l’intrigue. Une nouvelle scène s’ouvre ; les crimes du tyran avaient fait abhorrer la royauté, que Brissot, Vergniaud, Pétion et leurs complices voulaient maintenir pour d’Orléans : l’opinion du peuple était tellement opposée à la monarchie, qu’il n’y avait aucuns moyens de la maintenir ouvertement. Alors on voit le parti d’Orléans dissimuler de nouveau ; c’est lui qui propose quelquefois le bannissement des Bourbons, et c’est lui qui veut les remettre sur le trône ; c’est lui qui veut rétablir la royauté, et qui la proscrit en apparence ; c’est lui qui tous les soirs se retrouve avec d’Orléans ; c’est lui qui le dénonce et le persécute en apparence.