Page:Saint-Just - Œuvres complètes, éd. Vellay, II, 1908.djvu/334

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Marat. Mais n’es-tu point criminel et responsable de n’avoir point haï les ennemi de la patrie ? Est-ce par ses penchants privés qu’un homme public détermine son indifférence ou sa haine, ou par l’amour de la patrie que n’a jamais senti son cœur ? Tu fis le conciliateur, comme Sixte-Quint, fit le simple pour arriver au but où il tendait. Eclateras-tu maintenant devant la justice du peuple, toi qui n’éclatas jamais lorsqu’on attaqua la patrie ? Nous t’avions cru de bonne foi quand nous accusâmes le parti de Brissot, mais depuis, des flots de lumière sont tombés sur ta politique.

Tu es l’ami de Fabre, tu l’as défendu, tu n’es pas homme à te compromettre, tu n’as donc pu que te défendre toi même dans ton complice. Tu abandonnas le parti républicain au commencement de notre session, et depuis, as-tu fait autre chose que nuancer d’hypocrisie les délibérations ? Fabre et toi fûtes les apologistes de d’Orléans, que vous vous efforçâtes de faire passer pour un homme simple et très malheureux : vous répétâtes souvent ce propos. Vous étiez sur la Montagne le point de contact et de répercussion de la conjuration de Dumouriez, Brissot et d’Orléans. Lacroix te seconda parfaitement dans toutes ces occasions. Tu vis avec horreur la révolution du 31 mai. Hérault, Lacroix et toi demandâtes la tête d’Hanriot, qui avait servi la liberté, et vous lui lites un crime du mouvement qu’il avait fait pour échapper à un acte d’oppression de votre part. Ici, Danton, tu déployas ton hypocrisie : n’ayant pu consommer ton projet, tu dissimulas ta fureur, tu regardas Hanriot en riant, et tu lui dis : "N’aie pas peur, va toujours ton train", voulant lui faire entendre que tu avais eu l’air de le blâmer par bienséance, mais qu’au fond tu étais de son avis. Un moment après, tu l’abordas à la buvette et lui présentas un verre d’un air caressant, en lui disant : "point de rancune". Cependant, le lendemain tu le calomnias de la manière la plus atroce, et tu lui reprochas d’avoir voulu t’assassiner. Hérault et Lacroix t’appuyèrent. Mais n’as-tu pas envoyé depuis un ambassadeur à Pétion et à Wimpfen dans le Calvados ? Ne t’es-tu pas opposé à la punition des députés de la Gironde ? N’avais-tu pas défendu Stengel, qui