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136 LES SAISONS

ces longues & cruelles guerres qu’excita l'ambition de la maison d’Autriche.

Les richesses que les Rois d’Espagne & de Portugal tiroient des Indes , leur firent bientôt négliger l'administration de leurs Etats; les Rois étoient riches, & les sujets devenoient pauvres.

Mais l'envie de partager les trésors de l'Espagne, réveilla l’Angleterre & la Hollande; la navigation se perfectionna, l'esprit de commerce s’introduisit, les principes en furent apperçus: c’est à-peu-près dans ce temps que les découvertes nouvelles ont commencé à être de quelque utilité à l’Europe, & moins funestes aux deux Indes.

Ces découvertes avoient été faites dans un moment où nous étions plongés dans les préjugés des Romains & des Vandales; il régnoit parmi nous des opinions qui rendent l’homme atroce & destructeur.

On pensoit moins à établir des colonies commerçantes qu’à faire des conquêtes: dévastoit les pays conquis , parce que la cupidité n'avoit aucun frein chez des peuples auxquels on croyoit ne devoir, ni pitié, ni justice.

Dans les contrées que soumettoient les Européens, les Princes ne virent qu’un nouveau domaine; ils en firent d’abord un objet de brigandage, & depuis un objet de finance; il fallut que les Républicains s’établissent en Amérique & en Asie, pour aprendre aux Rois ce qu'on doit faire des colonies éloignées: plusieurs Monarchies encore portent l'esprit de finance