Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/279

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ou six mois. Il me sembla que les traits de cette charmante paysanne ne m’étoient pas inconnus : je lui demandai à qui appartenoit cette ferme, & si mes gens & moi nous pouvions y passer la nuit : je l’assurai que mes hôtes seroient très-contents de nous. Elle me répondit que la ferme appartenoit à son mari ; que personne ne logeoit chez eux pour de l’argent ; mais qu’ils recevoient de leur mieux les étrangers de toute sorte d’états. Elle m’invita sur le champ à descendre de cheval & me conduisit sans cérémonie à la chambre qu’elle me destinoit. Cette chambre étoit agréable ; les meubles en étoient simples & propres ; de la fenêtre la vue s’étendoit & s’enfonçoit dans le vallon en suivant le cours & les détours de la petite riviere.

Sara Philips (c’étoit ainsi que s’appeloit la jolie fermiere) me dit qu’elle alloit préparer mon souper ; qu’en attendant j’avois à choisir de me reposer dans ma chambre, ou dans le jardin sur un banc de gazon qui étoit sous des arbres, auprès d’une petite fontaine. La soirée étoit belle ; l’air avoit été brûlant pendant le jour ; je choisis de me rendre dans le jardin. Vous avez raison, me dit la fermière, & vous allez goûter deux de nos