Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/304

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elles maintiennent l’ordre dans les sociétés. Il ne faut pas avilir le rang dans lequel on est né par des alliances que l’opinion condamne ; c’est un crime que punit le mépris des hommes, & je ne saurois point soutenir ce mépris, même injuste.

Faut il donc faire céder la loi de la nature à des convenances de la société ? cela peut être, mais nous ne sommes point dans ce cas ; cédons à nos cœurs en respectant les préjugés. Mes parents m’ont laissé deux mille guinées de rente, & trois mille guinées d’argent comptant. C’est cette somme que je veux conserver de toute ma fortune, pour vivre avec vous & vos parents.

Ici Philips voulut m’interrompre : il me proposa de ne point nous marier ; je l’arrêtai & lui dit : nous manquerions à la loi de la nature & à celle des hommes qui nous demandent une postérité ; & pourquoi ne point nous marier ? pour conserver mes biens ? ils ne me rendent point riche dans l’état où je suis ; je le ferai dans le vôtre avec la somme que je vais vous porter. Si j’épousois mon cousin, nous serions des Gentils-hommes médiocrement aisés, & nous serons des Fermiers opulents. Je vais faire mon testament, & je