ni de sa prière, l’inflexible éteignit la lumière et prenant l’adolescent par le bras, le conduisit jusqu’à sa chambre.
Celui-ci, jeté tout vêtu sur son lit, cherchait ardemment à rentrer dans le domaine d’où on l’avait arraché. Un instant auparavant, il ne savait plus qu’il avait un corps, il avait oublié le poids de la matière ; léger, il voguait dans un monde fluide d’harmonies, ébauchant la forme de son rêve.
Tout d’un coup, brutalement et bruyamment, on l’avait rejeté dans son corps et sur la terre. Brisé, il n’entendait plus rien, il ne retrouvait plus son ébauche.
De désespoir, il sanglota.
Le lendemain soir, à la même heure, la bibliothèque était obscure. La porte s’entr’ouvrit, mais le visiteur s’en fut, avec le sourire aux lèvres. Sa discipline était obéie.
Dans le même temps, enfoui dans un fauteuil profond, Christian, dans l’obscurité, entendait mieux le thème de sa sonate se préciser dans son esprit.
Quand il sut son père au lit, il ralluma sa lampe et travailla, pour la première fois, jusqu’à l’aube.
Dorénavant, toutes ses nuits furent semblables.