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Page:Saint-Point - Le Secret des inquiétudes, 1924.pdf/58

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LE SECRET DES INQUIÉTUDES

Elle quitte le divan sur lequel elle était assise à côté de Didier, comme dans la soirée sublime et tragique, et, silencieusement, elle s’approche du piano, elle l’ouvre.

À l’aspect des claires touches du clavier d’ivoire, Christian a le même élan spontané que vers son violon. Il s’approche, s’assied.

Les assistants, de plus en plus oppressés, déjà l’écoutent.

Mais au moment de poser ses mains sur le clavier, Christian semble se reprendre, examine les touches une à une, en caresse quelques-unes du doigt, sans les enfoncer, en silence. Puis, il se lève, s’éloigne, et regarde ses compagnons.

Il ne dit rien, mais son regard exprime très clairement :

— Que faisons-nous ici ? Si nous nous en allions.

Devant cette question, muette mais si nette, la peur, la peur imprécise, la vraie peur, s’appesantit sur tous. D’un même geste, ils se lèvent, vont vers la porte, en étouffant le bruit de leurs pas et sortent.

Christian encore les suit. Derrière eux, avec précaution, évitant tout grincement et le cliquetis du pêne de la serrure, il referme la porte.

Aux grandes lumières du salon paisible, les