Page:Saint-Pol-Roux - L’Âme noire du prieur blanc, 1893.djvu/100

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Bénédict.

Ma mie, la pastourelle, se nomme ainsi.

Le Prieur D’autrefois, bouleversé.

Cette faute me pèse comme une meule sur le cœur !… (Domptant son hésitation.) Sache enfin le scélérat que je fus, et puisse mon secret renverser tes moindres scrupules !… (Péniblement.) Cinq ans avant ma mort. J’étais le Prieur honoré et digne encore de l’être. Chaque jour, une jeune bergère, celle dont parla le frère tout à l’heure, apportait au couvent le lait de ses brebis. Son front matutinal avait la candeur de l’hostie. Elle venait aussi du vert village où les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches, et c’était en ce tempsla plus jolie fille de la Vallée. Incontinent, à sa vision, les coquelicots du désir envahirent les blés de mon âme et les sarments de mes vieilles veines s’embrasèrent. Des semaines et